La vie sans Bernard Noël, la vie avec une oeuvre immense
Bernard Noël s'est éteint ce 13 avril à une heure du matin dans son sommeil, à l'hôpital de Laon.
Il est parti à l'âge de 90 ans, en nous laissant son oeuvre immense. L'Atelier continuera à en souligner l'importance et la beauté...
Ses obsèques auront lieu dans l'intimité.
"[L'espace] noue mon chemin à la pierre debout
celle qui donnera mon nom au vent"
(L'Été langue morte)
Outrance utterance / Dominique Fourcade Ed POL
(...) disons-le, je vais sans avancer, ce n'est pas pour connaître que je vais, c'est pour m'exposer à l'inconnaissable. (...) cette voix que je rejoins hors de moi. Cette voix que je rejoins en lieu et place de moi. Cette voix qui ne m'apprend rien sur moi, ce souffle qui m'apprend que le moi n'est rien mais qui seul fait de moi l'existant, cet air qui m'apprend le poème.
Il est une voix qui soulève le monde. Cette voix n'est pas à notre disposition. Elle soulève le monde sans pudeur et comme sans effort. Cette voix est une expérience océanique.
Outrance, utterance Dominique Fourcade Ed POL
Les credos d'écriture et de vie de Jack Kerouac
Liste des 30 credos et techniques d’écriture et de vie.
1. Gribouillages dans calepins perso et pages tapées à la sauvage : pour le plaisir.
2. Malléable à tout, ouvert & à l’écoute.
3. Ne jamais se cuiter hors de chez soi – essayer.
4. Être amoureux de sa propre vie.
5. Ce qu’on ressent réellement trouvera forcément sa propre forme.
6. Quant à l’esprit, résolument frappadingue.
7. Se barrer : le faire si possible à perdre souffle.
8. Écrire tout ce qu’on veut du fond sans fond de l’esprit.
9. Les visions indescriptibles de l’être individuel.
10. Pas de temps à perdre pour la poésie, mais ce qui est et voilà tout.
11. Chatouillis visionnaires vibrionnant dans la poitrine.
12. Dans la transe telle qu’elle advient, fixer son rêve sur un objet, là, devant soi.
13. Éliminer toute inhibition littéraire, grammaticale et syntaxique.
14. Quant au temps, se faire vieux fumeur de joint façon Proust.
15. Récit de la véridique histoire du monde en monologue intérieur.
16. Le centre d’intérêt du bijou c’est l’œil au-dedans de l’œil.
17. Écrire en état de remembrance et d’étonnement pour soi.
18. Travailler depuis l’œil du milieu, tout en nageant dans l’océan de la langue.(1)
19. Accepter de tout perdre à jamais.
20. Avoir foi en le saint contour de la vie.
21. Lutte pour dessiner ce flux qui d’avance existe à l’état pur dans l’esprit.
22. Ne pas penser aux mots quand on s’arrête si ce n’est pour mieux voir l’image.
23. Garder trace de chaque jour à la date inscrite au blason du matin.
24. Ni peur ni honte, mais dignité : vie, expression & savoir acquis.
25. Écrire pour que le monde te lise et voie les images exactes que tu en donneras.
26. Bookmovie, livre-film : film en mots, forme visuelle de l’Amérique. (2)
27. Éloge de la Personnalité au cœur de la Sinistre inhumaine Solitude.
28. Composition sauvage, indisciplinée, sans filtre, survenant de tout-en-bas, plus c’est fou mieux c’est.
29. Génie : voilà ce que tu es, tout le temps.
30. Scénariste-Réalisateur de films Terrestres Sponsorisés & Angélisés au Paradis.
Jack Kerouac (12 mars 1922 - 21 octobre 1969)
Traduction : Auxeméry, dimanche 23 mars 2021
La liste aurait été clouée sur le mur de la chambre d’hôtel d'Allen Ginsberg à North Beach un an avant la rédaction de son poème emblématique Howl – guère surprenant, étant donné que Ginsberg admettait l’influence de Kerouac – voir la dédicace de Howl and Other Poems.
Philippe Frechet raconte la commune de Paris
visite guidée, cliquez ici: l’histoire de la commune de Paris
et du rôle déterminant d’Auguste Blanqui
Glaneuse d'automne
Au fil des jours, je posterai ce que je glane. Lu ce matin dans Poezibao:
dessin numérique de C. Royet-Journoud
“On sait qu’écrire est pour nombre d’écrivains un exercice de remémoration qu’on pratique en solitaire et à huis-clos. Un exercice pour lequel nul témoin n’est envisageable. Et si l’on s’interroge que trop souvent sur le pourquoi et en vue de quoi on se met à écrire, on évite toutefois de poser la question du comment, jugée peu digne d’intérêt. Comment s’y prendre pour parvenir à écrire ? Comment cet acte, qui se pratique à main nue et dont George Bataille va jusqu’à dire qu’il est d’emblée sacrificiel, trouve-t-il à se faire, et parfois au détriment de l’entente que nous supposons en avoir. Ne passe-t-il pas déjà clandestinement de main en main, comme le laissaient entendre les éditions de La Main courante. En souvenir de son éditeur, Pierre Courtaud, qui était aussi un écrivain polygraphe, féru de taoïsme, et grand fervent de Gertrude Stein, l’idée m’est venue de proposer sur Poezibao un chantier collectif au fort duquel chaque intervenant serait convié à faire état de l’acte d’écrire tel qu’il lui est donné à vivre. Un acte qui semble toujours à portée de main, alors qu’il peut à tout moment vous faire faux bond, s’avérer à double tranchant, ou vous égarer dans votre propre labyrinthe mental. Un acte à haut risque, funeste pour certains, salvateur pour d’autres. Et sur lequel il y aurait lieu de s’interroger en clinicien pour noter quelles sont les circonstances propices à sa survenue ? Quels sont les troubles physiologiques qu’il est en mesure de générer dans le corps de qui écrit ? Quels sont les transferts de pensée et les réminiscences qu’il suscite ? De quelle nature est l’état de crise identitaire, voire de dérèglement neuronal qu’instaure sa pratique ? Sans oublier la sorte de menace qu’un tel acte tente souvent de conjurer, tout en l’invoquant à distance et par maints détours ? Voilà, à titre indicatif, une suite de questions qui me viennent en guise de préliminaires pour inaugurer ce projet collectif autour de l’acte d’écrire, et sur lequel plane au dire de Kafka une foncière incertitude. Kafka dont on sait qu’il était sujet à des insomnies, et qui l’amenaient parfois à écrire en état de rêve éveillé, et ce dans l’exacte prolongement de ses nerfs. À broyer du noir sur fond de nuit blanche.
Siegfried Plümper-Hüttenbrink
image issue de “Le temps des îles” Mucem/Parenthèses
Jean Paulhan, fichier collectant des poèmes traditionnels des Hain-Teny (Madagascar) 1910-1914
56 provisions par Sabine Macher
Née en Allemagne de l’Ouest, Sabine Macher danse, écrit, traduit et photographie des choses immobiles. Elle alterne des propositions personnelles sous forme de livres, pièces sonores, performances, pièces scéniques avec l’inscription dans l’espace d’autres artistes.
Dernier livre paru : Guerre et paix sans je, ed les petits matins, 2019, projet en cours : La vieille danseuse, une hétérotopie permanente.
Elle nous propose ici ses pro-visions du confinement, réalisées du 17 mars au 11 mai 2020
Amie, amie, je t'entends de loin par Sylvie Durbec
ce qui s’écrit, ce qui se fabrique dans l’atelier, voilà le dernier envoi de Sylvie Durbec
livre d’artiste tiré à 15 ex