RÉSIDENCE D'ÉCRITURE - TRADUCTION du Sa'di d'Abbas Kiarostami

Bouclage de la traduction d'une sélection de poèmes du Sa’di az dashte khishtan faryâd, à paraître en version bilingue persan/français dans la collection po&psy princeps en 2018

par Amin Kâmrân, Franck Merger et Niloufar Sadighi, traducteurs,

avec Danièle Faugeras, directrice de collection

 

"La poésie persane, classique ou contemporaine, manifeste sa présence dans le cinéma d’Abbas Kiarostami de bien des manières, par exemple par une citation dès le titre du film ou à l’intérieur des dialogues, et par la reprise de motifs traditionnels comme le vent ou le chemin sinueux, motifs empruntés à la poésie mystique. Le titre du film bien connu Où est la maison de mon ami ? est ainsi repris d’un poème du grand poète contemporain Sohrâb Sepehri. D’une tout autre manière encore, le film Shirin montre le visage des spectatrices d’une adaptation cinématographique de l’épopée Khosrow et Shirin. On peut aussi rattacher à la poésie, mais à la poésie japonaise, et au haïku en particulier, la structure de maint film de Kiarostami, caractérisée par l’effacement de la narration au bénéfice de l’image, comme dans la série des films expérimentaux intitulée Five, véritables haïkus visuels.

Mais l’on ignore souvent qu’Abbas Kiarostami a lui-même publié des poèmes. Il a écrit de la poésie dès son plus jeune âge et a continué à le faire tout au long de sa vie. Le lecteur français peut lire sa poésie en particulier dans la collection bilingue « Po&psy » de l’éditeur Érès, où trois de ses recueils ont été réunis en 2014 sous le titre Des milliers d’arbres solitaires.

Abbas Kiarostami a publié un autre recueil Sa’di az dashte khishtan faryâd (Faryâd = Le Cri ou La Plainte) d’une manière toute particulière : il a puisé dans l’œuvre poétique de Sa’di, figure majeure du panthéon poétique iranien, des vers ou des distiques, et, en en transformant la disposition sur la page, a fait de chacun d’eux un poème bref. L’humour narquois, les jeux verbaux, le travail rythmique, sont partout présents. Le geste poétique de Kiarostami est à la fois anthologique et typographique. La poésie de Sa’di se transforme alors en poèmes de Kiarostami. À travers ce recueil apparaît un sujet poétique tout à la fois enclin au concret, moraliste, au vrai sens du terme, amoureux et anticlérical.

Ce recueil est fait de plus de six cents poèmes brefs. Un choix d’une centaine de poèmes sera publié en 2018 dans la collection « Po&psy », sous le titre Sa’di ivre d’amour."

 

Franck Merger

 

Les participants

 

            Amin KÂMRÂN a vécu à Chiraz jusqu’à sa venue en France, à Aix-en-Provence, il y a quelques années, pour y mener des recherches en droit constitutionnel comparé (France-Iran). Être né dans la ville de Hâfez et de Sa’di prédisposait Amin KÂMRÂN à l’amour de la poésie.

            Franck MERGER enseigne la littérature en khâgne à Aix-en-Provence. Il traduit en français des poètes italiens et persans. À Salon-de-Provence, il a créé en 2014 et co-organise depuis lors les « Archipels de la poésie ».

            Niloufar SADIGHI : née en Iran, elle a fait toute sa scolarité en France. Ancienne élève de l’E.N.S. Fontenay, agrégée de lettres modernes, diplômée des Langues Orientales en langue et civilisation persane, elle est professeur de lettres à l’Ecole Européenne de Bruxelles depuis 2007.

            Franck MERGER et Niloufar SADIGHI ont contribué à la traduction de l'œuvre poétique complète d'Abbas KIAROSTAMI parue en 2014 dans la collection PO&PSY in extenso sous le titre Des milliers d'arbres solitaires.

            Danièle FAUGERAS vit et travaille dans le Gard. Elle partage son activité d’écriture entre poésie, traduction et édition. Elle a créé en 2008 aux éditions ERES, et codirige depuis avec Pascale JANOT la collection de poésie PO&PSY et l'association du même nom, qui en assure la diffusion par la rencontre directe de publics variés, auxquels elle propose des manifestations souvent multimédias. 
Elle a publié plusieurs recueils de poésie, depuis Ici n'est plus très loin (2001) jusqu'à Quelque chose n'est, sur des dessins d'Alexandre Hollan, et Éphéméride 03, avec des dessins de Martine Cazin (2014).
Parmi ses traductions de poésie : Patrizia Cavalli, Paolo Universo, Issa (en collaboration avec PascaleJANOT), ainsi que les œuvres poétiques complètes d'Antonio Porchia et de Federico García Lorca.

Une soirée de lecture bilingue sera organisée à cette occasion.