Des ailes pour Racine par François Rodinson

Eureka ! J’ai trouvé un style. J’ai trouvé une méthode, j’ai trouvé une voie pour mon projet Racine. Je ne m’étendrai pas pour l’instant sur les détails car ce n’est pas fini mais je peux d’ores et déjà affirmer que c’est bien grâce au cadre offert par cette résidence au Grand Sault que j’ai trouvé ce que je cherchais. Un style pour présenter et dire Racine au XXIème siècle, c’était ambitieux, certes. Et c’était quelque chose autour de quoi je tournais depuis bien longtemps.

            Être un peu hors du monde pour une période donnée et développer ainsi une capacité de concentration et de suivi. Un calme, aussi, précieux, permettant à l’inspiration de se déposer, de se cristalliser dans une forme de disponibilité. L’indépendance offerte ainsi que la bienveillance accordée ont été également pour moi des moteurs fondamentaux. Tous ces ingrédients formaient une alchimie propice à la création, j’en suis absolument convaincu. Le temps et l’espace au service du poétique, c’est si rare que c’en est exaltant ! Il faudra poursuivre, creuser encore. Mais je sais maintenant où aller et comment organiser la suite de ce projet au long cours. Une certaine allégresse, donc, trouvée au Grand Sault, c’est bien agréable, ça donne des ailes, ça donne envie d’aboutir.

            Exigence et imagination, opiniâtreté et fantaisie, rythme et mélodie, « L’ivresse est un nombre » disait Charles Baudelaire, l’autre grand orfèvre de la métrique de l’alexandrin. C’est ce précepte que je voudrais suivre et poursuivre pour ce projet d’une vision poétique du poème qu’est l’œuvre de Racine, dont la figure de « monument de la culture française » éclipse trop souvent, je crois, la réelle portée fulgurante.

  François Rodinson