Je retrouve l’île de Sault et sa bienveillante : Anne Calas.

Je viens pour le sur-vivant de déposer le tumulte, la grande vitesse, les impatiences et les sidérations.

Trouver la danse avec le trouble.

J’emporte trois malles pour l’ouvrage à tisser.

Deux sujets de justice et de récits qui éblouissent. Antigone et Thomas Sankara. A plus de 2500 ans d’écarts, tous deux sont des êtres obstinés de justice. Semeuse et semeur de trouble qui se mettent en opposition avec les règles usuelles, qui se dressent, qui disent non et qui savent qu’il faut embarquer dans des devenirs autres. Tous deux désirent ouvrir une clairière où vivre bien avec les autres, où inventer des façons d’atténuer la violence. Ils nous offrent des ressources pour inventer des façons de vivre à l’intérieur d’un monde en guerre mais d’y vivre sans pour autant en accepter les clauses.

Antigone et Thomas Sankara ensemencent des mondes.

Je suis dans les marges de la préparation des répétitions d’Antigonick, magnifique traduction de la pièce de Sophocle par la poétesse Anne Carson. Et j’ouvre le carnet d’esquisses de Thomas Sankara, mouvement livre, les premières pages de ce récit en détours et retours dont l'écriture même s'achèvera à quelques jours d’une création. Peut-être.

La troisième malle s’ouvre sur Scaphandre, deuxième texte que j’écris pour être dit. Il s’agit toujours de la même histoire, celle d’une petite fille envoutée par les possibilités du langage, épouvantée par son inadéquation à dire la vie et la mort, et fascinée par le chant mortel des sirènes.

Splendeur de cette enfance, d’Antigone et autres Scaphandrières.

Merci Anne, poétesse indocile, d’être là.

Laetitia Pitz

(photo ©Jean Valès)